Agence nationale des Affaires maritimes
13 novembre 2020 : Après 17 ans de promesses et d'attente, le lancement des travaux de dragage et de balisage de la brèche de Saint-Louis est devenu une réalité depuis le 12 novembre dernier. C'est Monsieur Alioune Ndoye, Ministre des Pêches et de l'Economie maritime qui a procédé au lancement des travaux, en présence de son homologue, par ailleurs, maire de Saint-Louis, Monsieur Mansour Faye, du Gouverneur de ladite région, et de ses principaux collaborateurs, dont Monsieur Massamba Achille Edouard Guéye, Directeur général de l'ANAM, maître d'ouvrage délégué de ce projet. Lisez son allocution...
Monsieur le Ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, Maire de Saint-Louis ;
Monsieur le Gouverneur et représentants de l’Administration territoriale ;
Monsieur le Maire de NDiébène Gandiole ;
Monsieur le Secrétaire général ;
Monsieur le Directeur de Cabinet ;
Monsieur les Directeurs généraux et Directeurs nationaux et Chefs de service ;
Autorités religieuses et coutumières ;
Chers acteurs de la pêche ;
Mesdames, Messieurs,
La cérémonie qui nous réunit ce jour est historique, à bien des égards.
Je voudrais, à l’entame de mon propos rendre un vibrant hommage à nos pêcheurs et m’incliner pieusement devant la mémoire des vaillants pêcheurs disparus en mer du fait de la présence de cette brèche.
Hélas, l’Homme a toujours payé un tribut à la mer, mais la reprise de l’émigration clandestine, constatée ces derniers temps nous interpelle tous.
C’est l’occasion pour moi, au nom du Chef de l’Etat, de l’ensemble du Gouvernement et du Peuple Sénégalais, de regretter ce phénomène qui nous prive de bras valides devant construire notre avenir commun.
Cette pratique illégale et dévastatrice ne profite qu’à des personnes malveillantes qui organisent ces expéditions suicidaires, fondées sur de faux espoirs et mirages constitutifs d’appels d’air.
Restons au Sénégal et bâtissons le futur ensemble, pour atteindre l’émergence que le Président Macky SALL appelle de tous ses vœux.
C’est à notre portée, la voie est simplement que nous ayons foi en nous-mêmes. Le Sénégal a toujours vu naitre sur ses terres de valeureux hommes et femmes qui ont fait ce pays.
Ceux qui partent laissent un double vide derrière eux. Vide d’espoir pour leur famille et vide de potentiel pour leur pays.
Il n’est pas trop tard, jeunes de mon pays ressaisissons nous. Les politiques publiques de développement que le gouvernement met en œuvre sous la direction du Chef de l’Etat nous garantissent la sécurité et la prospérité.
Le Président de la République croit en sa jeunesse et compte sur elle pour développer le Sénégal. C’est ce qu’il faut comprendre des instructions données aux services compétents de l’Etat pour prendre toutes les dispositions nécessaires afin de lutter contre ce fléau.
Le Gouvernement est à cet égard instruit de donner une priorité absolue à la formation des jeunes et leur accompagnement ainsi que leur financement.
C’est pourquoi, je lance ici un appel aux femmes, mamans et sœurs, aux hommes, pères, oncles et frères de dissuader les candidats à l’émigration clandestine.
Je voudrais aussi et surtout m’adresser aux acteurs de la pêche et des transports maritimes, pour les appeler à une vigilance totale et signaler toute velléité de départ de pirogues clandestines, de Saint-Louis au Cap Skiring.
Ces pirogues partent en effet de la côte et sont conduites par les navigants téméraires, dont le savoir-faire est attendu pour pratiquer des activités licites en mer.
Je refuse de croire que les candidats à l’émigration clandestine sont des acteurs de la pêche. Ne laissons pas des adeptes de la traite des personnes ternir la réputation inaltérable du génie du pêcheur sénégalais chantée sur toutes les mers du monde.
Mobilisons-nous par la sensibilisation objective pour freiner cette vague de départs sur nos côtes.
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Medames et Messieurs,
Chers Acteurs,
Ouvert en 2003, au Nord de l’embouchure naturelle sise à Gandiol, pour sauver Saint-Louis, la ville tricentenaire, d’une éventuelle inondation, le canal de délestage, creusé sur quatre mètres de large, a été le théâtre d’actions conjuguées de la dynamique sédimentaire, d’une part, et de l’érosion côtière fortement accélérée par les changements climatiques, d’autre part.
A date, les estimations évaluent l’élargissement de la brèche à plus de sept kilomètres. Dès lors, les échanges hydro-sédimentaires entre le fleuve et l’océan s’y sont déplacés au gré des courants marins de direction Nord-Sud, entraînant la fermeture de l’ancienne embouchure.
C’est dire que la nouvelle embouchure, qui s’est constituée subséquemment, a été soumise de manière inlassable à des dépôts sédimentaires rapides, obstruant le chenal navigable par la présence de bancs de sable.
Le chef de l’Etat, toujours sensible aux préoccupations des populations, a très tôt, au lendemain de son accession à la magistrature suprême de notre pays, compris l’urgence de trouver une solution durable à la problématique de la brèche de Saint-Louis.
Fidèle à sa démarche scientifique, l’Ingénieur Président s’est refusé d’intervenir sans comprendre. C’est pourquoi, il a engagé la recherche de solution avec un processus inclusif et participatif.
Sous ce rapport, il convient de rappeler le comité de pilotage institué en 2015 et regroupant universitaires, élus locaux, administrations et partenaires techniques et financiers, pour travailler sur la stabilisation de la brèche.
Depuis, la coopération néerlandaise a d’abord permis de réaliser une étude de base, soumise et validée en conseil interministériel, pour engager les actions d’urgence de dragage et de balisage retenues, en attendant la finalisation d’une étude plus approfondie.
Les travaux qui vont démarrer sont en effet une solution transitoire pour freiner les multiples pertes en vies humaines de nos braves pêcheurs.
Les connaissances actuelles permettent de manière maîtrisée de draguer avec un gabarit, paramètres physiques, la reconstitution rapide des dépôts sédimentaires, d’ici à la mise en œuvre de la solution définitive consistant à la construction de l’infrastructure qui sera retenue au terme de l’étude intégrale en cours au niveau de l’Agence de développement municipal (ADM) au titre du projet de gestion des eaux pluviales (PROGEP).
Ces travaux que Son Excellence, Monsieur le Président de la République, a bien voulu autoriser par la mobilisation d’un budget de plus de sept milliards, en pleine période de crise sanitaire, attestent à suffisance de l’attention toute particulière qu’il accorde au secteur de la pêche artisanale et des communautés de pêcheurs.
Sa clairvoyance témoigne son attachement à rendre plus performants un des leviers pourvoyeurs de devises dans l’équilibre de la balance des paiements, les records accrédités à la pêche depuis des années comme premier secteur d’exportation.
Il est donc légitime de comprendre les multiples efforts consentis par l’Etat, pour améliorer les conditions de travail, après la subvention sur les moteurs, le carburant sous douane, le gilet de sauvetage, les infrastructures de débarquement et de transformation des produits halieutiques, les capacités de pêche négociées à l’étranger, notamment en Mauritanie.
Dans la continuité de ces diligences, je voudrais annoncer que la présente cérémonie de lancement des travaux de dragage sera suivie de la remise aux CLPA de Saint-Louis et de Louga de quatre embarcations en fibre de verre avec leurs moteurs.
Par ce geste, mon département entend consolider l’approche participative et inclusive dans la gouvernance du secteur.
Ce matériel fait partie d’un don de 38 embarcations de même type que la CFAO a bien voulu mettre à la disposition du Ministère des Pêches et de l’Economie maritime pour accompagner la mission pour laquelle le Chef de l’Etat vient de me renouveler sa confiance.
Les autres CLPA du pays recevront prochainement leur dotation à l’occasion d’une cérémonie dédiée que nous pourrons organiser prochainement en présence de responsables de la CFAO bloqués à Paris du fait de la crise sanitaire et le reconfinement instauré en France.
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Mesdames et Messieurs ;
Conformément à la commande publique, les travaux qui seront effectués sont constitués :
Le chenal qui sera reprofilé, après les sondages bathymétriques de départ, sera ainsi large de 150 mètres jusqu’au port polonais à l’hydrobase, avec une base de 200 mètres à l’embouchure.
Les volumes nécessaires seront dragués pour permettre d’atteindre une profondeur de 3,5 mètres de l’embouchure au port polonais de l’hydrobase, et une profondeur de 5 mètres à l’embouchure in situ.
Le balisage lumineux, avec un système de géolocalisation AIS et un plan de disposition garantissant une visibilité suffisante et lecture simple pour les pêcheurs artisans.
Mesdames, Messieurs ;
Le 22 septembre dernier, après la signature du contrat de réalisation des travaux de dragage et de balisage avec l’entreprise CHEC, choisi au terme d’une procédure d’appel d’offre international, le Président Macky SALL a lui-même rappelé l’impératif du respect des délais contractuels et de la qualité des travaux.
Je voudrais réitérer ces instructions en précisant que les opérations de dragage pour lesquels le délai imparti court à partir de ce jour, devront s’effectuer sans compromettre l’activité de pêche.
A cette fin, un dispositif est conçu par l’Agence nationale des Affaires maritimes (ANAM) et l’entreprise pour alterner la circulation à l’embouchure.
Je salue l’anticipation de l’entreprise, qui n’a pas attendu le terme de la procédure d’immatriculation du marché pour acheminer le matériel qui est déjà arrivé au port de Dakar et transféré ici à Saint-Louis.
En conséquence, le sondage avant travaux est déjà en cours, avec le paramétrage des engins à déployer.
À la suite dudit sondage qui devra durer une dizaine de jours, le dragage physique débutera vers la fin novembre. Aussi, sans discontinuer, après le dragage et le sondage après travaux, le balisage sera mis en place avec des bouées répondant aux normes internationales et disposer de manière à guider le pêcheur en provenance de la mer d’embouquer sans risque de sortir du chenal navigable parce que dotées d’un système lumineux permettant la navigation de jour et de nuit.
Le succès attendu de ces travaux s’appréciera, entre autre du niveau de sécurité du chantier et l’appropriation des prescriptions et recommandations par les pêcheurs.
L’ANAM est chargée de surveiller la conformité des travaux pour le respect des spécifications techniques contenues dans le dossier d’appel d’offre qu’elle a elle-même élaboré et évalué dans un cadre concerté avec l’ensemble des services techniques concernés au niveau de mon Département.
Je voudrais, dans ce cadre, apprécier l’organisation de la supervision, en exhortant les agents intervenant au nom de l’Etat de maintenir et d’animer correctement l’organisation de la supervision avec le bureau de contrôle, par une présence permanente sur le chantier et une évaluation sans complaisance de travaux.
Pour terminer, je voudrais rappeler que le Chef de l’Etat envisage de venir procéder à la réception des travaux qui sera faite sous forme de mise en service du chenal balisé.
Dans cette perspective, le suivi technique du chantier donnera lieu tous les quinze jours à une restitution à l’exécutif régional afin qu’il puisse mesurer l’avancement et, le cas échéant, connaitre des besoins de recadrage et d’orientation pour le respect des délais.
Je vous remercie de votre attention.